Paranoid Park, de Gus Van Sant

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Après les trois volets de sa trilogie, Gerry, Elephant et Last Days, Gus Van Sant a été tenté par une nouvelle plongée au cœur d’un univers adolescent dont il explore les recoins. Le milieu des skaters n’est que prétexte. Prétexte à une situation policière qui sert de lien à son approche narrative : un meurtre a été commis, à proximité de Paranoid Park, le lieu de rencontre des skaters de la ville ; avant de se voir le corps sectionné en deux par le passage d’un train, la victime a été frappée au visage à l’aide d’un skate. Alex, un jeune de 16 ans s’est rendu sur les lieux le jour même, il est interrogé comme d’autres amateurs de skate de son école... Le récit pose un cadre, mais le sentiment se situe ailleurs. La figure androgyne du bel acteur, Gabe Nevins, est iconique. Inexpressive, elle se situe hors-temps. Les incessants allers-retours entre le visage angélique et les mouvements de skate filmés en super-8, constituent la trame esthétique d’un film en apesanteur. Qu’importe qu’Alex soit coupable ou non, qu’importe que sa relation avec sa petite amie aboutisse ou pas, le spectateur est embarqué malgré lui, il se laisse entraîner tout en vivant les événements avec la distance qu’on lui impose. Et puis comme à chaque fois chez Van Sant, il y a la bande son, l’une des plus pointues et des plus exigeantes qui soit. Pour alimenter sa vision paradoxalement clinique et poétique, il associe le regretté la pop du Elliott Smith, les sonorités électroniques intrigantes d’Etan Rose ou de Robert Normandeau, à quelques thèmes célèbres de Nino Rota, écrits pour les films de Federico Fellini, notamment La Gradisca e il principe sur la B.O. d’Amarcord, qui renvoie aux fantasmes adolescents de chacun et offre à Alex, adolescent d’aujourd’hui, sa part d'éternité. (E.A.)
De Gus Van Sant, MK2 

 

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