Tout est pardonné, de Mia Hansen-Love

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On le sait d’expérience, la simplicité au cinéma est gage d’émotion. Inutile de plonger dans la complaisance, quand le sentiment s’exprime par la seule force des dialogues et des images. Dans le cas de Tout est pardonné, la situation semble insupportable, même si l’on croit un instant que la longue descente aux enfers de Victor, le père alcoolique et drogué, peut être empêchée. À Paris, Victor — admirable Paul Blain ! — revoit sa fille, Pamela, qui lui semblait à jamais perdue, depuis le jour où son ex-compagne autrichienne, Annette — la touchante Marie-Christine Friedrich —, a décidé de le quitter, onze ans plus tôt. De cette relation (re-)naissante s’articulent quelques unes des plus belles scènes qu’ait compté le cinéma français ces dernières années. Pour son premier film, Mia Hansen-Love nous réconcilie avec ce qui fait l’essence de notre amour pour le 7ème art, une extrême générosité exprimée avec grande sobriété. On s’attache aux personnages — à tous les personnages — avec la conviction intime de les avoir toujours côtoyés. Leur histoire est la nôtre, nous comprenons les décisions d’Annette qui cherche à se protéger, ainsi que son enfant, nous vivons de l’intérieur les atermoiements autodestructeurs de Victor, même si on leur souhaiterait une issue plus heureuse ; de même, nous tombons amoureux de cette superbe junkie quand celle-ci danse sur Lola, le morceau des Kinks revisité dans une version décharnée par les sublimes Raincoats. Et surtout, nous partageons les troubles de Pamela, interprétée avec un naturel déconcertant par la ravissante Constance Rousseau, et la curiosité qui l'anime quand elle accepte les retrouvailles. Nous nous interrogeons et partageons avec elle chacun des instants qui la séparent et la re-lient à son père. À la manière de Jean Eustache, Mia Hansen-Love explore une forme particulière qui peut surprendre en ces temps de surenchère, une forme rigoureuse qui cherche de la sincérité dans l’écriture et dans le mouvement, une forme qui part d'un sentiment de vérité. En cela, son film nous est précieux. (E.A.)
De Mia Hansen-Love, DVD Pelléas

 

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