Le bleu est une couleur chaude, de Julie Maroh

« Mon amour, quand tu liras ces lignes, j'aurai quitté ce monde.». Dès la première page on sait que l'issue est tragique. Les confessions du journal intime de Clémentine vont alors mettre en lumière cette histoire d'amour intense qui se teinte de bleu.

Ce bleu c'est celui de la chevelure captivante d’Emma, artiste lesbienne assumée, dont le regard a croisée celui de Clémentine jeune adolescente un peu perdue.

Cette rencontre va bouleverser la vie de Clémentine: la découverte de l'homosexualité, les affres du cœur, le désir, le rejet de son entourage ... Clémentine va se battre contre elle-même et les autres. Le récit traduit parfaitement les émotions parfois contradictoires qui naissent d’une telle situation et le long cheminement vers l’acceptation.

Julie Maroh réalise avec « Le bleu est une couleur chaude » un premier album à la fois intime et engagé qui par-delà le sujet de l'homosexualité féminine est avant tout une émouvante et tragique histoire d'amour.

Tout au long des pages, les souvenirs de Clémentine se déclinent dans une palette grise qui met en valeur Emma et le bleu de ses cheveux, seul éclat de couleur dans un monde terne rempli de doutes. Le contraste est subtil avec les planches en couleurs mettant en scène le temps présent.

C'est un album délicat qui s’appuie sur la gestuelle et les expressions. Les plans sur les visages, les regards, les bouches et les mains transmettent magnifiquement les émotions.

Poignant récit sur l'acceptation de soi et la tolérance, cet album s'est vu décerner de nombreux prix et a inspiré l'histoire du film « La vie d'Adèle », Palme d'or à Cannes, qui sort en octobre sur les écrans.

Par Antoine Fileppi