Rencontre avec le cinéaste Jinho Myung pour Softshell, Entrevues 2024

Rencontre avec le cinéaste Jinho Myung pour son premier long métrage, Softshell, traduction assurée par Rina Kenović

Photo olivierlegras.com

Jinho Myung : Une Nouvelle Voix du Cinéma Américain au Festival Entrevues de Belfort

Lors de la 39ᵉ édition du festival Entrevues de Belfort, l’équipe de Radio Flux4 a eu l’opportunité d’interviewer Jinho Myung, jeune réalisateur américain venu présenter son premier long métrage, SoftShell. Entre modestie et passion, Myung a partagé son parcours atypique, ses inspirations et sa vision d’un cinéma à la fois intime et universel.

Un Portrait Sensible de la Jeunesse Américaine

SoftShell suit le quotidien de Jimmy et Noreen, deux jeunes adultes récemment devenus orphelins, cherchant à naviguer les défis du monde adulte. Le titre fait référence aux tortues à carapace molle, une métaphore de la vulnérabilité et de la résilience qui traverse tout le film. Myung s’attache à décrire des personnages pleins de tendresse et de complexité, incarnant une jeunesse américaine multiculturelle et en quête de sens.

Un Parcours Inspiré par le Cinéma Indépendant

Né à Los Angeles, Jinho Myung a grandi entouré de films, influencé par son père, un immigrant passionné de cinéma. Pourtant, le réalisateur n’imaginait pas embrasser une carrière dans le septième art. Pendant ses études d’histoire à Portland, il découvre les films indépendants tournés en 16 mm, qui l’inspirent à se lancer. Ces œuvres, combinant une esthétique tactile et des récits personnels, l’incitent à raconter les histoires des communautés asiatiques-américaines, trop souvent absentes de l’écran.

Un Hommage au Cinéma Indépendant

Tourné en pellicule 16 mm, SoftShell est un hommage au cinéma tactile, où chaque image respire la spontanéité et l’authenticité. Le choix de ce format, bien que coûteux, a permis à Myung de travailler avec une lumière naturelle et des compositions organiques. « La pellicule nous oblige à réfléchir à chaque plan, à chaque mouvement, et à rester proches des personnages, autant physiquement qu’émotionnellement », a expliqué Myung.

Un Cinéma Ouvert à l’Inattendu

Le réalisateur confie que le tournage de SoftShell a été marqué par l’improvisation et les rencontres fortuites. Qu’il s’agisse de l’aquarium qui accueille une scène-clé ou d’acteurs recrutés au gré des opportunités, Myung a laissé le hasard façonner son œuvre. Cette ouverture au réel imprègne le film, entre fiction et documentaire, comme en témoigne la présence d’un pêcheur coréen-américain, personnage non-fictionnel intégré dans l’histoire.

Un Regard sur la Perception et l’Autre

Au-delà de l’intime, SoftShell explore des thèmes universels comme la manière dont nous percevons et sommes perçus par les autres. Une scène marquante, où une tortue est préparée dans une cuisine, mêle suspense et réflexion sur la violence culturelle et les malentendus entre mondes différents.

« Cette scène, inspirée de vidéos YouTube où des voyageurs occidentaux filment des pratiques culinaires exotiques, interroge nos filtres culturels et notre rapport au regard », a-t-il expliqué.

Un Message d’Espoir

À travers SoftShell, Jinho Myung célèbre la jeunesse, la résilience et la richesse des rencontres. Son approche généreuse et sincère laisse entrevoir une carrière prometteuse dans le cinéma indépendant.

Alors que SoftShell concourt dans la compétition internationale du festival, Myung exprime sa gratitude : « Ce film a été fait avec peu de moyens, mais beaucoup de cœur. Je suis honoré qu’il résonne ici, à Belfort. »

Un cinéaste à suivre, dont la sensibilité et l’engagement marquent déjà les esprits.

Journaliste : Nicolas Bézard et Öykü Sofuoğlu
Traductrice : Rina Kenović
Réalisation & Photo : Olivier Legras