Rencontre avec Farah Kassem, réalisatrice de We Are inside
Réalisatrice ayant déjà signé trois courts métrages (My Father looked Like Abdel Nasser en 2012, You Make a Better Window Than You Do a Door en 2017, Nettoyer Schaerbeek en 2017), Farah Kassem est née à Tripoli au Liban en 1987. Outre une licence d'études audiovisuelles de l'Alba (Académie libanaise des Beaux Arts), la cinéaste a suivi le Master en réalisation de films documentaires DocNomads. Travaillant également comme monteuse, Farah Kassem effectue par ailleurs actuellement des recherches doctorales en arts à la KU Leuven et LUCA en Belgique.
Dans le cadre de la compétition internationale des longs métrages, Farah Kassem présente We Are inside, son premier long. Et pas n'importe quel long, puisque We Are Inside fait trois heures. Dans ce film, la cinéaste revient après quinze années d’absence au Liban auprès de son père vieillissant.
We Are Inside est un « film de chambre » par plusieurs aspects : celle où son père s'allonge pour se reposer ou réciter des poésies. Celle de la cinéaste, qui tente d'apprivoiser et de se ré-acclimater à sa chambre d'enfants, mesurant tout ce qui l'éloigne désormais de ce pays et de ce monde désormais lointain qu'est celui de l'enfance. Celle de l'hôpital où son père va séjourner à plusieurs reprises. Film de chambre, encore, par toutes ces réunions de poètes auxquelles la cinéaste assiste, par tous ces bureaux et salons dans lesquels ces hommes épris de poésie se retrouvent.
Néanmoins, We Are Inside est un film qui s'ouvre aussi progressivement vers l'extérieur, qui est contaminé par l'actualité qui touche la société libanaise. Et du cheminement de Farah Kassem pour échanger, dialoguer avec, comprendre son père à travers la poésie, jusqu'au cheminement vers le deuil après la mort de ce dernier, ce film tisse également à travers la relation d'un père et de sa fille un portrait en creux d'un pays où l'espoir le dispute sans cesse à la résignation.
Journaliste : Caroline Chatelet, Nicolas Bézard et Öykü Sofuoğlu
Réalisation & Photo : Olivier Legras